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14 septembre 2007 5 14 /09 /septembre /2007 05:59
« Si vous ne les tuez aujourd’hui, ce seront eux qui vous tueront demain » - c'était le message que les auditeurs de la Radio des Mille Collines au Rwanda écoutaient tous les jours, et après la radio diffusait des chansons religieuses. Ainsi on a commencé la préparation des massacres - d'abord on a inspiré de la peur, ensuite on a donné une justification quasi-religieuse aux meurtres.
Il parait que c'était Goebbels qui a inventé cette méthode – sa propagande antisémite inspirait aux Allemands la peur de riches Juifs assimilés, soupçonnés de gouverner l’Allemagne d’une manière secrète, ainsi que l’aversion pour les pauvres immigrés de la Russie, qui au niveau culturel étaient inférieurs aux Allemands moyens. Après une telle préparation on a fait un pogrome "Kristallnacht".

Il y avait aussi d'autres méthodes, également simples – par exemple en Yougoslavie, un groupe armé serbe arrivait à la maison d’un Serbe et lui ordonnait de tuer son voisin Croate – s’il s’opposait, on menaçait de tuer toute sa famille et lui même.

Aujourd’hui la peur règne au Proche-Orient. Il y a plusieurs causes de cette peur. Parfois ce sont les musulmans qui ont peur de la puissance et de la démoralisation de l’Ouest. Parfois ce sont des dictateurs qui ont peur des rebelles réellement existants ou inventés. Les Juifs qui ont peur des Arabes et à l’inverse. Les riches corrompus qui ont peur des pauvres humiliés. Les minorités qui ont peur des majorités. Les gens ordinaires qui ont peur des terroristes.
Nous y rencontrons aussi une humiliation omniprésente. Pourtant jadis les habitant de cette région pouvait se vanter d’une haute culture, plus développée que la culture européenne, et aujourd'hui ils sont méprisés.
Les sondages menés dans cette région montrent que les habitant du Proche Orient ne veulent que la paix el la vie tranquille. Mais c’est la majorité silencieuse. Ce sont les gens qui "ne possèdent pas de voix" ou qui ont peur de se prononcer et être accusés de la trahison et de la lâcheté.
Les télévisions – si elles le veulent ou pas – émettent toujours les mêmes images des manifestations et des luttes odieuses. Les informations positives, suscitant de l’espoir n’y sont présentes que très rarement.

Cependant la haine est toujours à la mode, parce qu’elle constitue une source précieuse d’énergie. J’ai vu une fois un film cubain concernant la guerre du Vietnam. Toutes les quelques minutes sur l'écran apparaissait un texte suivant: "La haine en tant qu'énergie". Quelle émouvante sincérité et simplicité!
A un certain niveau de la haine aucune politique raisonnable n’est possible – c’est l’hystérie qui règne. C'était ainsi aux temps d'Hitler, mais parfois aussi aujourd’hui. Est-il déjà ainsi au Proche-Orient ?

Peut-être pas encore – on y voit quelques signes du besoin de la raison – c’est pourquoi il faut prendre toutes les initiatives qui puissent mener à la raison. Et surtout il faut mener une action d’information. Une grande campagne est nécessaire, une grande propagande du bien.

Mais ce bien existe-t-il vraiment ? Evidemment, mais il faut le trouver et le montrer au monde.

Quand une affaire des caricatures de Mahomet avait éclaté j’ai téléphoné à plusieurs personnes dans les différents pays, afin d'obtenir des informations et conseils ce qu'il fallait faire, entre autres à l’évêque Rabban de Kurdystan iraquien. Je savais qu’ils mènent une école à laquelle fréquentent ensemble les enfants chrétiens et musulmans. Je demande alors ce qui se passe chez eux.  « Rien » - me répondit-il. Et comment vont les enfants? "Ils sont des amis comme toujours ». Et qu’est qu'il faut faire pour améliorer les relations avec des Musulmans? "Il faut les aimer" – me répondit-il.

Je sais que l’archimandrite Shoufani mène une école pareille à Nazareth et qu'elle a son école partenaire juive à Jérusalem.  Les professeurs et les élèves se rencontrent de temps en temps. Le dit Shoufani a organisé quelque chose d'extraordinaire: une rencontre de 500 Arabes et Juifs à Auschwitz. J'y ai participé et j’ai marché le long de la voie ferrée de Birkenau et les Arabes et les Juifs, tour à tour, ont lu les noms des victimes. Plus tard nous avons invité Shoufani et ses plus proches collaborateurs à Cracovie, où, dans une école supérieure menée par les jésuites, nous avons discuté sur les expériences du dialogue et la coopération.

A l’occasion de cette rencontre on a signée une Déclaration Européenne des Chrétiens, des Juifs et des Musulmans dans laquelle nous pouvons lire:
« Nous voulons bâtir une Europe au sein de laquelle seront respectées toutes les cultures et au sein de laquelle se réalisera un large consensus pour les valeurs fondamentales contenues dans le Décalogue. » Cette déclaration a été conjointement signée par les co-présidents de deux conseils : le Conseil polonais des Chrétiens et des Juifs et le Conseil Commun des Catholiques et des Musulmans en Pologne.

Il fallait bien ajouter ici que le prince El-Hassan, oncle du roi de Jordanie, a participé à la cérémonie d’inauguration de la synagogue rénovée à Oswiecim et que sur le grand marché de la vieille ville polonaise Gniezno avait eu lieu une célébration extraordinaire : les chrétiens priaient pour les juifs, pour les musulmans et pour l'Europe, tandis que les juifs priaient pour les chrétiens, pour les musulmans et pour l’Europe et les musulmans priaient pour les chrétiens, les juifs et l’Europe. C’était dans cette ville-là qu’il y a mille ans, l’empereur germanique Otto s’est rencontré avec le prince polonais Boleslas sur le tombeau de l’évêque tchèque Adalbert, tué par les Prusses - le tribu paÏen vivant au bord de la Mer Baltique. Les deux souverains ont prié ensemble et projeté l'avenir de l'Europe.
A l’occasion de la réouverture de la synagogue le prince Hassan a fait un beau discours, mais le président de l’Iran nie l’Holocauste. Et il n’est pas seul – presque tous les Perses pensent ainsi. Bien que cette situation change lentement : la Radio Libre Europe émet aussi des programmes en langue perse et est assez populaire. Il n’y a pas longtemps un journaliste iranien, séjournant à Prague, a fait avec moi un longue entretien sur Auschwitz et l’Holocauste. En plus, les étudiants polonais qui étudient en Iran ouvrent les yeux de leurs collègues, qui commencent à s’intéresser à Auschwitz.

Et l’ex-président d’Indonésie a organisé une grande rencontre avec des rabbins et a critiqué son ami, le président d’Iran. Dans le gouvernement local de Kurdystan iraquien, une fonction du ministre chargé de la promotion de la femme est remplie par une chrétienne, et un autre ministre chrétien dirige une télévision chrétienne qui diffuse des programmes en plusieurs langues.
Il est aussi intéressant de savoir que les soeurs de la congrégation Notre Dame de Sion, avec lesquelles nous coopérons, organisent les travaux d'un résau de groupes de chrétiens, juifs et musulmans.

On pourrait énumérer d’autres exemples. Mais ni les hommes politiques, ni les journalistes, ni « la majorité silencieuse » ne connaissent bien ces faits. C’est l’ignorance et la peur qui règnent.

Qu’est-ce qu’on peut faire, qu’est-ce qu’on doit faire ?

Notre Fondation en coopération avec la direction du Musée d’Auschwitz-Birkenau et la Commission Polonaise pour l’UNESCO, est en train de diffuser une enquête intitulée « Les jeunes sur le passé et l’avenir ». Nous y demandons quels sont les nouveaux dangers et les devoirs de jeunes et leur expériences. Sur notre site internet nous publions une série d’articles concernant les actions menées par les jeunes à Oswiecim (La ville d’Auschwitz) pendant la guerre et les réflexions de jeunes qui habitent dans cette ville aujourd’hui. Nous distribuons les disques CD avec ces articles.

Nous entrons en contact avec plusieurs écoles, organisations et médias. Cette année nous avons commencé la réalisation du programme « Le Trialogue pour l’Europe » qui consiste aux  rencontres et discussions des chrétiens, des juifs et des musulmans, que nous enregistrons et mettons sur l’internet. Nous croyons que ce programme devrait être élargi sur le Proche-Orient et réalisé aussi dans les langues de cette région.

Le Musée d’Auschwitz-Birkenau devrait aussi disposer d’un complet d’informations mises au jour dans ces langues.

Quel rôle peut y jouer AIESC ?

Je crois que nous devons modifier le système selon lequel nous agissons. Une activité dispersée de ses membres ne suffit pas, ce qui est nécessaire c'est un travail commun et continu. Des discours et conférences tenues dans les différents pays, pendant les différents congrès, ou bien publiés après des années et oubliés dans les bibliothèques ne suffissent pas non plus. Aujourd’hui nous avons besoin d’actions rapides et larges, qui unissent les bonnes théories aux bonnes pratiques, qui donnent la voix aux experts et aux gens ordinaires, parfois très sages et qui pourraient parvenir aux savants, aux étudiants et au grand public.

Il faut donc exploiter l’Internet en publiant sur des sites des discours savants (juste après qu’ils soient tenus) et en y mettant des expériences pratiques. Nous pouvons le faire tout de suite en forme de fichiers audio et ensuite en forme écrite. Dans quelques jours notre discussion sera disponible sur le site www.

Afin d’assurer une discussion plus profonde et plus pratique il faut publier dans l’Internet les thèses principales des discours avant leur présentation pendant le rencontre. Ainsi les participants seront mieux préparés et la discussion peut être plus efficace, avoir une continuation intéressante, s’enrichir et exercer une influence.

Quant au projet « Trialogue », je pense qu’il serait bien d’en discuter via Internet par exemple sur les sujets suivants :

-    Comment comprenons-nous la communauté ? Comment la pratiquons-nous ?
-    Economie sociale (qu'est ce que nous comprenons par la et comment nous la pratiquons? Ici les banques islamiques, microcrédits de Yunus
-    La crise de la société – les exclus
-    Le chômage – les théories, les gens
-    La crise de la famille
-    La haine criante ou rampante
-    Mondialisation –interdépendance et responsabilité partagée

Et à la fin la chose la plus urgente – notre livre, qui est une sorte de présentation de notre travail. Sans doute il faut le propager par tous les moyens. Peut-être il vaut la peine d’organiser de larges débats sur l'Internet autour de ses chapitres, avec la participation des experts, étudiants et activistes. Peut être faut-il penser déjà à la nouvelle édition contenant les résultats de ce débat sur le CD.

Stefan Wilkanowicz
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