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13 septembre 2007 4 13 /09 /septembre /2007 18:55
Rencontre annuelle de l’AIESC
Coventry, 6,7, 8 et 9 septembre 2007


Parler de la paix c’est aussi constater que la guerre, hélas, jalonne l’histoire de notre humanité.

Même si la guerre n’est
plus présente aujourd’hui dans nos sociétés occidentales sous sa forme la plus violente, la planète devenue « village mondial » par l’extraordinaire amélioration des technologies de l’information, nous offre chaque jour le spectacle des nombreux désordres qui règnent partout dans le monde : guerres des peuples entre eux, guerres de religions, guerres économiques, guerres de l’homme lui-même contre lui-même…

Comme l’explique le Pape Jean XXIII dans son encyclique sur la paix publiée en avril 1963, cette situation de guerre vient de ce que les hommes pensent  « que les relations des individus avec leur communauté politique peuvent se régler selon les lois auxquelles obéissent les forces et les éléments irrationnels de l'univers » (Pacem in terris - 6).

Pourtant, « La paix sur la terre, objet du profond désir de l'humanité de tous les temps, ne peut se fonder ni s'affermir que dans le respect absolu de l'ordre établi par Dieu (Pacem in terris -1) et si l’on veut bien considérer l’ordre que Dieu a inscrit dans le cœur de l’homme, on comprendrait ce que sont « les normes de bonne conduite de l’homme ». (Pacem in terris - 6).

Or dans « l’ordre que Dieu a mis dans le cœur de l’homme » il y a la communication.

Pour l’homme, en effet, la communication est un besoin vital. Dans le livre de la Genèse le Seigneur Dieu dit « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie » (Genèse 2 – 18). Dès le commencement, l’homme est donc créé pour vivre en société. Il y vit par nature et non par un « contrat » imaginaire, que la cruauté de ses semblables lui impose pour le préserver.

Seul, l’homme dépérit et se perd profondément en lui-même.

Mais pour être naturelle, la communication ne va pas de soi ! elle n’est pas bonne en soi !

Il existe une communication que nous pourrions appeler « dévoyée » qui, au lieu de servir l’homme et la communauté, les divise et les empêche de tendre vers leur fin.

Notre époque foisonne d’exemples qui le démontrent :

-    On peut évoquer bien sûr les totalitarismes du XXe siècle qui ont tous fait de la « propagande » le grand moyen pour assurer leur emprise sur les individus en manipulant le langage et les idées.

-    On peut citer aussi ce publicitaire qui se vantait d’avoir trouvé la bonne recette de toute communication en jouant sur les 7 péchés capitaux ! En s’appuyant sur l’orgueil, il donne au consommateur l’impression de puissance, en flattant son désir de posséder il l’encourage à posséder plus de richesses que nécessaire, en encourageant sa paresse, il lui fait acquérir un objet qui lui évitera un travail ou un effort, etc.

-    Mais sans aller jusque dans ces excès, on peut tout simplement constater le paradoxe créé par l’utilisation massive aujourd’hui de ce que l’on appelle les NTIC (Nouvelles technologies de l’information et de la communication) : en effet, plus les messages se mondialisent, plus les différences culturelles de la communication s’affirment. Comme le dit Thierry Wolton, directeur de recherche au CNRS « plus les échanges sont techniquement faciles, plus ce sont les conditions culturelles et sociales qui deviennent essentielles et difficiles à satisfaire pour que la communication soit autre chose qu’une simple transmission d’information » (« Il faut sauver la communication » - Fammarion – 2005). C’est ainsi qu’en connaissant de mieux en mieux ce qui se passe sur la planète, l’homme ne comprend pas mieux ce qui se passe ! Pire même : la mondialisation est un accélérateur de contradictions…

La communication n’est donc pas un jeu d’enfant !  elle est toujours fragile parce qu’elle ne peut exister sans respect de l’autre et qu’il n’existe rien de plus difficile que de reconnaître l’autre comme son égal, surtout si on ne le comprend pas.

Il faut donc poser en préalable que la communication a une dimension éthique. C’est probablement dans cet esprit que bon nombre de spécialistes comme Thierry Wolton ou Xavier Libbaert (« La transparence en trompe l’œil » - Editions Descartes - 2003) interrogent aujourd’hui les professionnels sur la nécessité de mettre en place une déontologie de l’information et de la communication.

Cette éthique ne peut cependant reposer sur les simples intuitions de professionnels, tout aussi compétents soient-ils. Pour nous, chrétiens et formateurs de l’IRCOM, la communication doit être mesurée par des principes qui ont leur source dans la sagesse créatrice de Dieu : « C'est la grandeur de l'homme de pouvoir découvrir cet ordre et se forger les instruments par lesquels il capte les énergies naturelles et les assujettit à son service. » (Pacem in terris – 2)

Mais de même qu’on peut affirmer que l’ordre est la mesure de la vraie communication, il faut admettre que la communication est une des conditions de la mise en œuvre de l’harmonie et donc de l’ordre voulu par Dieu. Sur un plan différent, il est à la fois cause et conséquence.

Je vous propose donc, au cours cette intervention d’examiner ces deux points à la lumière de l’enseignement social chrétien et de conclure sur quelques-unes des conditions nécessaires à la mise en place de la communication.

1/ En quoi l’ordre, est-il la mesure de la communication ?

Nous venons de l’esquisser rapidement, la communication ne va pas de soi. Elle est porteuse d’un double défi : accepter l’autre et défendre sa propre identité !

Elle n’est donc pas naturellement bonne si elle ne se fonde sur des principes qui permettent à l’homme de s’épanouir. Ces principes fixent un cadre. Ils sont un critère de mesure qui assure que les conditions d’une bonne communication sont réunies.

Je vous en propose 3 qui me paraissent emblématiques :

1-1    La dignité de la personne humaine :

Le principe essentiel sur lequel repose l ‘enseignement social chrétien est celui de la dignité de la personne. « Crée à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Premier chapitre de la Genèse), l’homme a été racheté par le sang du Christ. La conséquence directe de cette dignité est le respect de tout être humain « qui est toujours une valeur en lui-même et pour lui-même ».

L’homme n’est pas une plante ou un cailloux ! Sa dignité fait de lui cet être à part dans la création qui est « sujet » et donc responsable de ses actes.

En ne respectant pas ce principe, l’homme devient « objet ». Il ne peut donc vivre pleinement sa vocation qui est de communier avec Dieu et de se développer à travers  le jeu de ses relations avec son environnement.

1-2    La liberté de l’homme

La liberté est un don précieux de Dieu à l’homme. Elle est le fondement de la moralité de ses actes.
Cependant, doté d’une intelligence pour comprendre et d’une volonté pour agir, l’homme n’est pas attaché au bien ! Il lui appartient de choisir en se libérant des fausses représentations qui peuvent le tromper ou même des passions qui peuvent l’égarer. Dans ce sens, l’usage de la liberté peut nous conduire au meilleur comme au pire, au bien comme au mal dans la pensée comme dans l’action.

Mais la liberté est aussi au coeur de toute relation. Relation de l’homme avec lui-même, relation de l’homme avec son environnement, relation de l’homme avec Dieu. Dans les trois cas, la personne peut se laisser conduire par l’orgueil plutôt que par l’humilité, par l’égoïsme plutôt que par la charité.



1-3    La complémentarité

En créant l’homme, Dieu a aussi créé la société comme moyen de perfection et, disons le, de sanctification. De la différence des personnes naît la vie sociale. C’est la base de la complémentarité. Unique et irremplaçable chacun a donc son rôle spécifique à jouer dans le salut de l’ensemble.

Cette complémentarité induit tout un jeu de compensation. Elle appelle naturellement la sollicitude attentive des plus forts vis-à-vis des plus faibles, sollicitude qui ne peut relever seulement de la justice et renvoie nécessairement à la charité.

Ces 3 principes ne sont évidemment pas exhaustifs, mais essentiels. Ils sont comme le cadre sans lequel la communication ne peut se réaliser parfaitement et rejoignent les normes de bonne conduite énoncées par Jean XXIII dans pacem in terris :   « une société n'est dûment ordonnée, bienfaisante, respectueuse de la personne humaine, que si elle se fonde sur la vérité, Cela suppose que soient sincèrement reconnus les droits et les devoirs mutuels. Cette société doit, en outre, reposer sur la justice, c'est-à-dire sur le respect effectif de ces droits et sur l'accomplissement loyal de ces devoirs ; elle doit être vivifiée par l'amour, attitude d'âme qui fait éprouver à chacun comme siens les besoins d'autrui, lui fait partager ses propres biens et incite à un échange toujours plus intense dans le domaine des valeurs spirituelles. Cette société, enfin, doit se réaliser dans la liberté, c’est-à-dire de la façon qui convient à des êtres raisonnables, faits pour assurer la responsabilité de leurs actes. »
 
2/ Pourquoi la communication est-elle cause de l’ordre ?

Cette deuxième partie, si c’était nécessaire, nous montre à quel point Dieu ne laisse pas sa créature sans moyens pour atteindre ses véritables fins. Inscrite au cœur de l’homme, la communication est un de ces moyens. Elle est même un moyen indispensable.

2-1    Communication et personne

L’homme, nous l’avons dit, a besoin de communiquer pour être et pour trouver son autonomie. En effet, comme son être biologique se constitue et se renouvelle sans cesse par ses échanges avec l’environnement dans lequel il se trouve, son être conscient se développe et s’enrichit par la communication.

Ainsi, en communiquant avec son environnement, l’homme se découvre-t-il lui-même.

Ce premier constat me paraît particulièrement important. En effet, comment l’homme pourrait-il devenir « artisan de paix » sans bien se connaître lui-même, c’est à dire sans avoir trouvé la paix intérieure et donc le plan de Dieu sur lui-même ?

De fait, la paix ne saurait régner entre les hommes, si elle ne règne d'abord en chacun d'eux, c'est-à-dire si chacun n'observe en lui-même l'ordre voulu par Dieu. « Ton âme veut-elle vaincre les passions qui sont en elle ? », interroge saint Augustin. Et il répond : « Qu'elle se soumette à celui qui est en haut et elle vaincra ce qui est en bas. Et tu auras la paix : la vraie paix, la paix sans équivoque, la paix pleinement établie sur l’ordre. Et quel est l'ordre propre à cette paix ? Dieu commande à l'âme et l'âme commande au corps. Rien de plus ordonné ». (Miscellanea Augustiniana. Saint Augustin, Sermones post Maurinos reperti, Rome, 1930, p. 633)

Cette révélation de lui-même passe d’abord par l’acceptation de son héritage. Comme le dit Saint Thomas d’Aquin, l’homme est un perpétuel héritier, il est « constitué débiteur » (Som. Th., IIa – Iiae, Q. 101, a.1).

Mais cette révélation passe aussi par sa relation avec les autres. Emmanuel Mounier affirme que notre propre personne :  « n’existe que vers autrui, elle ne se connaît que par autrui, elle ne se trouve qu’en autrui » (Le personnalisme – Que sais-je – page 33).

Et c’est  vrai que la communication, grâce à son processus d’échange permet à l’homme de mieux se connaître. C’est d’ailleurs un double enrichissement :

-    En s’efforçant de dire ce qu’il pense, il est obligé d’éclaircir sa pensée et de ce fait, il se découvre lui-même, il se connaît mieux.
-    De plus, en buttant sur les résistances des autres qui ne le comprennent pas ou contestent son idée, l’homme cherche à mieux se faire comprendre. Il doit préciser sa pensée, argumenter en tenant compte des oppositions, enrichir sa propre conception de celle des autres.

Par conséquent, ce qu’il dit le révèle à lui-même et s’enrichit encore des résistances de ses interlocuteurs.

Et même si « l’homme est une créature inachevée pour qui tout reste à conquérir » (Alexandre Jollien – « Le métier d’homme »), même si chacun d’entre nous est à la recherche du modèle de son être, la communication peut nous aider à croître et nous libère par la vérité sur nous-même

La communication est donc un chemin de connaissance de soi, connaissance de soi qui est elle-même un chemin de paix intérieure.

2-1 communication et charité

Mais là ne s’arrêtent pas les vertus d’une bonne communication. En effet, en conduisant l’individu à se découvrir à travers les liens qu’il va créer, la communication est aussi le premier chemin vers autrui.

L’expérience primitive de toute personne est nécessairement l’expérience des autres personnes, ce qui faisait dire à Emmanuel Mounier :  « Toutes les folies sont un échec du rapport avec autrui (…) On pourrait presque dire que je n’existe que dans la mesure ou j’existe pour autrui, et à la limite : être, c’est aimer » (Le personnalisme – Que sais-je – page 34).

En s’opposant ainsi à l’individualiste ou au narcissique, l’homme suscite avec d’autres une société de personnes et exprime qu’on ne possède que ce qu’on donne, qu’on ne fait pas son salut tout seul, ni socialement ni spirituellement.

Ainsi la communication peut-elle porter des fruits, fruits qui sont autant de facteurs de paix entre les personnes :

-    En communiquant, l’homme apprend à sortir de lui-même, c’est à dire qu’il se décentre, se dépossède pour devenir disponible à autrui. En pratiquant l’empathie, nous sommes capables, au moins momentanément, de mettre entre parenthèses ce que nous pensons, ce que nous sommes, pour entendre ce que l’autre nous dit et entrer dans son cadre de référence.

-    C’est en écoutant l’autre que l’on pourra le comprendre. A l’IRCOM, nous disons souvent à nos étudiants que si nous avons une seule bouche et deux oreilles, c’est pour écouter deux fois plus qu’on ne parle ! Cesser de se placer de son propre point de vue pour se situer du point de vue d’autrui est un acte d’accueil difficile mais qui conditionne toute recherche sincère de la vérité. La personne qui est en face de nous n’est pas un simple instrument mais une personne à part entière avec la même dignité que nous. Cet acte d’attention et d’écoute est d’autant plus difficile qu’il ne s’agit pas de cesser d’être soi-même en abandonnant lâchement ses propres idées. Il est en effet une manière de tout comprendre qui équivaut à ne rien aimer et à n’être plus rien.

-    Mais cette communication, cet élan naturel vers autrui est aussi don de soi. C’est la condition pour que tout échange soit fécond. Seul ce don désintéressé, ayant pour moteur la charité, remplit la vocation de l’homme. La générosité peut ainsi dissoudre l’opacité et annuler la solitude de l’individu : « contre le rang serré des instincts, des intérêts, des raisonnements, elle est à proprement parlé bouleversante. Elle désarme » (Emmanuel Mounier - Le personnalisme – Que sais-je – page 35). Elle redonne ainsi à l’autre une valeur imminente au moment même où il pouvait s’attendre à être rejeté.

2-2     Communication et bien commun

Par les liens créés, la communication réalise pleinement sa fécondité. En permettant à chacun de savoir ce qu’il dit quand il dit « je », elle permet aussi au groupe de savoir ce qu’il dit quand il dit « nous ». En collaborant ainsi par le jeu des échanges, l’homme contribuera en vérité à définir ce qu’est le bien commun

Dans les « 8 péchés capitaux de notre civilisation » le biologiste et zoologiste autrichien Konrad Lorentz exprime cela d’un point de vue scientifique :  « La cellule de la tumeur maligne se distingue avant tout de la cellule normale du fait qu’elle ne possède pas l’information génétique dont elle aurait besoin pour jouer son rôle de membre utile dans la communauté que représente le corps ».

D’une certaine façon, la communication peut être comparée à l’information génétique qui, en rendant chacun conscient de son rôle, permet que l’épanouissement de ses potentialités propres contribue au développement des potentialités de l’ensemble.

Ainsi, chacun se trouve ordonné au bien commun et participe par son propre développement au développement de l’ensemble à la manière d’un organe dans le corps au lieu d’un vers dans le fruit.

Il faut relire sur ce sujet les magnifiques lettres de saint Paul dans ses lettres aux Corinthiens : « Le corps humain se compose de plusieurs membres, et non pas d'un seul. Le pied aura beau dire : « Je ne suis pas la main, donc je ne fais pas partie du corps », il fait toujours partie du corps. L'oreille aura beau dire : « Je ne suis pas l'oeil, donc je ne fais pas partie du corps », elle fait toujours partie du corps. Si, dans le corps, il n'y avait que les yeux, comment pourrait-on entendre ? S'il n'y avait que les oreilles, comment pourrait-on sentir les odeurs ? Mais, dans le corps, Dieu a disposé les différents membres comme il l'a voulu. S'il n'y en avait qu'un seul, comment cela ferait-il un corps ? Il y a donc à la fois plusieurs membres, et un seul corps. (…) Il a voulu qu'il n'y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres. » (1 Cor 12, 4-30)

En se conformant ainsi à sa nature, l’homme va entrer dans le plan de Dieu sur lui et sur le monde. Plus qu’un art, la communication est donc du côté de la vertu. Au sens propre, c’est une force qui permet aux hommes, « par un échange de connaissances et d’énergie spirituelle d’éclairer leur intelligence, de motiver leur volonté et d’ouvrir leur cœur en vue d’atteindre chacun la perfection de son être et, ensemble, la ferveur d’une communauté ». (Hyacinthe-Marie Houard)

3/ Quelques conditions favorables à la communication
Mesurée par des principes qui ont leur source dans la sagesse divine, cause de la mise en œuvre d’une harmonie entre les personnes, la communication peut donc être un extraordinaire facteur de paix.
Mais les conditions de sa mise en œuvre sont délicates.
Une parole mal choisie, une oreille peu attentive ou un moment peu propice suffisent à la rendre caduque
Dans cet extrait de l’encyclique « Ecclesiam suam » Paul VI nous indique les conditions de la communication : « Le dialogue est donc un moyen d’exercer sa fonction apostolique ; c’est un art de communication spirituelle. Ses caractères sont les suivants : la clarté avant tout : le dialogue suppose et exige qu’on se comprenne ; il est une transmission de pensée et une invitation à l’exercice des facultés supérieures de l’homme ; ce titre suffirait pour le classer parmi les plus nobles manifestations de l’activité et de la culture humaine…. Un autre caractère est la douceur, celle que le Christ nous propose d’apprendre de lui-même : « Mettez vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur (Mtt 11-29) Le dialogue n’est pas orgueilleux ; il n’est pas piquant ; il n’est pas offensant. Son autorité lui vient de l’intérieur, de la vérité qu ‘il expose,de la charité qu’il répand, de l’exemple qu’il propose ; il n’est pas commandement et ne procède pas de façon impérieuse. Il est pacifique ; il évite les manières violentes ; il est patient ; il est généreux. La confiance tant dans la vertu de sa propre parole que dans la capacité d’accueil de l’interlocuteur. Cette confiance provoque les confidences et l’amitié ; elle lie entre eux les esprits dans une mutuelle adhésion à un Bien qui exclut toute fin égoïste. La prudence pédagogique enfin qui tient compte des conditions psychologiques et morales de l’auditeur : selon qu’il s’agit d’un enfant, d’un homme sans culture et sans préparation ou défiant ou hostile. Elle cherche aussi à connaître la sensibilité de l’autre et à se modifier raisonnablement, soi-même, et à changer sa présentation pour ne pas être déplaisant et incompréhensible. Dans le dialogue ainsi conduit se réalise ainsi l’union de la vérité  et de la charité, de l’intelligence et de l’amour… Il faut avant même de parler, écouter la voix et plus encore le cœur de l’homme ; le comprendre et, autant que possible, le respecter et, là où il le mérite, aller dans son sens. Le climat de dialogue, c’est l’amitié. Bien mieux, le service… Notre dialogue ne peut-être une faiblesse vis-à-vis des engagements de notre foi » (Ecclesiam suam, n° 47 et 49 et 50)
Clarté, douceur, prudence pédagogique.
La clarté qui oblige à préciser sa propre pensée et permet de mieux se connaître soi-même, la douceur qui créé la confiance et fonde l’échange, la prudence enfin qui met chacun sur le chemin de la collaboration à la recherche de la vérité.
Conclusion
Au moment de conclure, on aura compris que la communication est donc un moyen majeur pour établir la paix dans nos cœurs et autour de nous.
Comme le dit Jean-Paul II : « l’objectif de la paix, si désirée de tous, sera certainement atteint grâce à la mise en œuvre de la justice sociale et internationale, mais aussi grâce à la pratique des vertus qui favorisent la convivialité et qui nous apprennent à vivre unis afin de construire dans l’unité, en donnant et en recevant, une société nouvelle et un monde meilleur ». (Sollicitudo rei socialis, n° 39)
Pratiquer la communication requiert donc davantage que la simple utilisation des techniques ou même une intention bienveillante : la communication est l’affaire de chacun. Elle ne peut pas être enfermée ni dans la technique, ni dans l’économie, ni même dans la politique. Elle est finalement toujours à hauteur d’homme.

Au sens propre, elle nous conduit à une « conversion » : conversion qui doit nous conduire à nous conformer au dessein de Dieu sur l’humanité en associant dans nos propre vie l’amour de Dieu et celui du prochain par des actes concrets.

Pierre COLLIGNON
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