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21 juillet 2008 1 21 /07 /juillet /2008 18:22
Né dans une famille chrétienne de l’ouest, Pierre avait fait de
brillantes études qui l’ont conduit à réussir le difficile concours de
l’école des chartes, comme Geneviève qui devint sa chère épouse.
Pierre s’engagea dans le syndicalisme chrétien auprès de Jean Bornard
et de Jacques Tessier au lendemain de la scission qui opposa les
partisans de l’abandon du sigle C(hrétien) et ceux qui n’en voulaient
plus. Ce n’était pas un choix facile notamment pour un père de
famille qui sacrifiait une belle carrière au service de l’Etat à une
option militante sans beaucoup de garantie matérielle.
Il s’était spécialisé dans les questions de la famille et représenta
longtemps pour la CFTC au Bureau International du Travail, les
caisses d’allocations familiales. On apprit à connaître lors des
sessions annuelles à Genève le sérieux du représentant français.
Par ailleurs dans les années 1970 il fonda “Evangile et Société” dont
il devint président. Leurs premiers travaux parurent en 1979, c'est-àdire
à un moment où la doctrine sociale de l’Eglise, en dépit de
documents remarquables comme «Populorum Progressio» (1967) et
la «Lettre au Cardinal Roy» (1971), n’étaient plus que des trésors que
l’on avait enterrés.
En 1983, un séminaire fut organisé à Paris par Evangile et Société sur
le thème : Christianisme et socialisme. Jean Paul II venait de publier
successivement trois encycliques : Redemptor hominis (1979) ; Dives
in Misericordia (1980) et Laborem exercens (1981) qui relançaient la
doctrine sociale de l’Eglise à laquelle les évènements de Pologne et
l’épopée de Solidarnosc (1981) donnaient un prestige inattendu face
au défi communiste et même aux socialistes qui continuaient à se
réclamer de Marx.
En octobre 1986, une université volante pour l’enseignement social
fut fondée par une dizaine de syndicalistes et d’universitaires à
Cologne, Pierre fut élu président. Depuis plus de 20 ans cette
«université volante» devenue Association Internationale pour
l’enseignement social chrétien (AIESC) porte des fruits. C’est dans ces
circonstances que l’auteur de ces lignes a rencontré Pierre et son
épouse Geneviève.
Pierre était un homme intelligent et convivial. Son amitié avait
quelque chose de sûr comme ses convictions. Dans sa vie familiale
comme dans ses rapports avec l’extérieur, l’humilité mêlée d’humour
était au rendez-vous. Il y avait chez lui beaucoup de perspicacité et
aussi une émotivité qui touchait le coeur, si bien qu’il suscitait la
sympathie même chez des opposants. Pierre était un homme heureux
et la vie des hommes ici-bas a besoin de témoins du bonheur. Il est
vrai que Geneviève était là pour le rendre possible, sans oublier leurs
enfants et petits enfants.
Ceux qui ont bénéficié de son amitié savent ce qu’ils perdent, mais
avec un croyant aussi convaincu et cohérent que Pierre, il y a eu une
réponse à cette tristesse : sa Patrie de chrétien était sa destination
fondamentale. En participant chaque jour à la messe avec Geneviève,
il se préparait aux Epousailles de l’Agneau et c’est lui qui nous y
attend aujourd’hui.

Patrick de Laubier +
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