23 octobre 2007
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Introduction
L´Union européenne s´accroît. Les nouveaux pays membres sont surtout les anciens membres du bloc des pays socialistes lequel s´est constitué en Europe après la Seconde Guerre mondiale. Ce bloc est souvent perçu comme un ensemble homogène. Mais on oublie qu’il est composé de pays très divers. Leur seule caractéristique commune réside dans le fait qu’ils ont appliqué le même modèle socialiste - un modèle qui par ailleurs a échoué. Ce modèle était basé sur l´idéologie du marxisme-léninisme, sur le rôle des dirigeants du parti communiste et de la classe ouvrière et sur le système économique de la planification centralisée.
L’histoire de ces pays, leurs caractéristiques, leurs situations économiques et politiques, leurs niveaux achevés de démocratie avant la 2-eme Guerre mondiale étaient et demeurent toujours très différents. Leur admission dans la Communauté Européenne est simplement due au fait qu’ils répondaient aux critères économiques fixés par l´Union. Les différences sont liées à la géographie, aux populations, au niveau économique, au coût horaire de la main d´œuvre, etc. Il faut ajouter que tous ces pays ouvrent leurs marchés aux produits européens d‘exportation, au capital financier, à la force du travail, aux idées nouvelles, à la technologie, au savoir-faire (know how), etc.
Les valeurs humanistes européennes sont des repères importants. Malheureusement le libéralisme "sauvage" a pénétré la société des pays ex-socialistes à la suite des changements dans les années 90´. On accentue l´individualisme et la recherche du profit personnel au détriment de la solidarité avec les proches. Les expressions telles que solidarité, syndicats, coopératives sont déconsidérées parce que perçues comme rappelant l´époque du socialisme.
Dans tous les Etats du bloc post-socialiste il a été établie une base commune pour une société moderne de marché ainsi que pour l´introduction de la démocratie et de la société civile. La société civile est appelée à réfléchir collectivement à ce qui doit être entrepris "pour les gens et avec les gens". Cela est impossible si le dialogue est inexistant, en particulier le dialogue social. Il faudrait engager des discussions publiques sur ce sujet et aborder le contenu des valeurs, en donnant à chacun la capacité de penser et de réfléchir sur des objectifs tels que la démocratie, la liberté, la solidarité, la subsidiarité, la responsabilité. Tout doit être fondé sur les valeurs de liberté, mais il est nécessaire de déterminer pour qui et au nom de qui cette liberté s‘exerce. La liberté n´est pas quelque chose d‘illimité, elle doit être régulée dans un cadre qui respecte le libre arbitre de chacun.
Si je vais parler de la situation actuelle dans les pays post-communistes, je dois déclarer en avant qu´il s´agit d´un témoignage personnel basé surtout dans mon expérience de la vie en Tchécoslovaquie. J´espère que les participants des autres pays post-communistes ajouteront leurs remarques et leurs expériences personnelles.
La réconciliation - est-elle possible?
D´après la doctrine sociale de l´église le pardon et la réconciliation sont la seule base d´une vraie paix (Compendium, 517). Tous les fardeaux du passé demandent une réflexion des deux parties ce qui est un processus très difficile et de longue durée. De même - pour les gens de bonne volonté - il ne s´agit pas d´un processus lequel on ne pourrait pas achever.
Le pardon ne signifie pas une négation de la justice (Compendium, 518). En principe la réconciliation demande de renouveler la confiance entre les deux parties qui étaient en désaccord.
La réconciliation est un terme assez ample. Les régimes précédents ont créé beaucoup d´injustice. On pourrait en parler pendant longtemps. Je vais limiter ma contribution sur les problèmes de la réconciliation entre les:
1) ethniques et nations,
2) classes,
3) générations.
1 - Réconciliation entre les ethnies et les nations
Pour bien comprendre aujourd´hui les réactions des gens - très souvent nationalistes - il faut connaître l´histoire.
Bien des pays post-communistes ont eu une histoire assez mouvementée dans le passé, souvent causée par leurs position géopolitique ayant des intérêts contradictoires avec les grandes puissances. Les pays baltiques souffraient sous la Russie, l´Allemagne, la Suède; les pays de l´Europe Centrale existaient sous l´Allemagne ou sous l´Empire Austro-Hongrois; les changements de frontières - si typiques p. ex. pour la Pologne – continuèrent de temps en temps et jusqu´à l´époque presque présente. Les transferts ethniques de la population (surtout celle qui appartenait aux minorités) n´étaient pas rares. C´était le résultat des guerres, des révolutions avec les atrocités, brutalités, duretés, haines etc. - mais aussi avec les pertes des vies humaines des parties d´ennemi. Il est donc difficile de re-établir la confiance, mais il est plus difficile encore d´établir la réconciliation.
Si l´on veut parler plutôt de la période récente on peut présenter p.ex. les problèmes des Roms (tsiganes) dans les Républiques Tchèque et Slovaque ou bien les problèmes avec la minorité russe en Estonie et dans les autres pays baltiques, la question du Sudetenland et les problèmes de la migration actuelle.
2- Réconciliation entre les classes
Après la 2-eme guerre mondiale l´établissement du bloc socialiste a apporté un nouveau aspect politique et social : la lutte des classes au nom de grandes idées. Dans le processus de la construction du socialisme la nouvelle hiérarchie politique a commencé a exclure de la vie politique, économique et sociale les représentants de la bourgeoisie - les entrepreneurs, les riches, les koulaks, les ennemies de peuple. L´histoire bien connue de la Russie et de l´Union Soviétique des années 1920- 1930 s´est répétée - souvent avec la même brutalité - dans les années 1950. Les membres de la classe bourgeoise étaient considérés en pratique comme les citoyens avec les droits limités; souvent ils n´avaient pas les droits des citoyens en ce qui concerne leurs accès a l´éducation supérieure, ils devaient être soumis a une "re-éducation" (en travaillant dans les chantiers socialistes, dans les mines ....).
En supprimant "les ennemies de la classe ouvrière" (comme les ennemis du peuple) on a supprimé les propriétaires par la nationalisation de leurs entreprises. On a forcé les paysans de devenir - dans les années 50 - membres des co-opératives agricoles, les artisans devaient former les co-opératives de production et les petits marchands les coops de consommation. Après les changements du système politique, économique et social en 1989 on commençait a faire des restitutions (il s´agissait de réparer les injustices en rendant les propriétés confisquées soit d´une façon matérielle ou financière). Ce problème très difficile apportait bien des problèmes a la réconciliation "intérieure" dans la société.
L´ancien régime supprimait aussi la sphère spirituelle et culturelle de la vie en monopolisant la théorie marxiste. On supprimait surtout la vie religieuse - on fermait les écoles des églises, on supprimait la vie des ordres, l´état contrôlait l´Eglise etc. Le processus d´athéisation a produit les résultats dans la vie actuelle - la restitution de la propriété de l´Église n´est pas résolue jusqu´à nos jours et la plupart de la population tchèque actuelle est considérée comme non-croyants.
Dans tous les pays post-communistes si l´on parle de la réconciliation et du pardon, on se pose la question, comment peut-on régler son compte avec le passé. Les opinions sont différentes. P. ex. faut-il condamner ou même mettre en prison les juges et les surveillants des prisons communistes qui condamnaient et torturaient les prisonniers innocents dans une période éloignée déjà un demi-siècle? Quoi faire avec les dirigeants communistes de l´ancien régime qui sont vivant encore ?
Les ex-membres communistes sont-ils coupables de leurs responsabilités collectives avec l´ancien régime avec tous ces défauts? Il y en a beaucoup qui ont changé d’avis et leurs positions politiques et économiques en devenant entrepreneurs, membres des autres partis politiques (plutôt libérales de droit) et lesquels ont même pris la position de l´élite politique et économique actuelle de la nation.
Un autre problème qui se pose : collaboration (quelques fois problématique) avec les organes de la Sécurité d´État (police politique communiste). Il y a les publications (officielles et non officielles aussi) des archives et des listes de collaborateurs; en fait, il s´agissait aussi des acteurs, savants, prêtres, personnalités bien connues. Quand ces gens demandent un verdict judiciaire, très souvent leur collaboration est annulée; malheureusement il s´agit souvent seulement d´un effort superficiel. De l´autre coté les noms des vrais acteurs et collaborateurs de la police secrète y manquent. Cette situation complique la purification du climat éthique de la société, comme elle pourrait amener aux réflexions de culpabilité de chacun.
Est-il possible de co-opérer avec le parti communiste présent pour créer les coalitions avec les partis démocratiques? On trouve les mots d´ordre: On ne parle pas avec les communistes - quelque fois diffusés par les gens qui profitaient de leurs appartenance au parti communiste dans le passé.
3/ Réconciliation entre les générations
Un grand problème actuel pour nous est celui de la co-opération et de la compréhension entre les générations. Ce phénomène - connu aussi dans les pays développés - est lié à la décomposition de la famille et à la crise des valeurs. En ce qui concerne la réconciliation, dans les pays de l´Est on peut constater les différences dans l´approche des générations : il y a les gens avec un témoignage personnel du passé (surtout des événements de la guerre et de la période des années 50 avec le régime assez dur); il y a les gens de l´âge moyen ( 50-60 ans) avec un témoignage par médiateurs souvent influencés par l´histoire interprétée d´une façon marxiste, selon les critères de la lutte des classes. Il y a la jeune génération qui ne connaît que la situation après les changements de 1989. En général les jeunes gens accusent les générations plus âgées d´avoir toléré l´ancien régime ou même d´avoir collaboré avec lui. C´est donc la responsabilité des "vieux" pour toutes les fautes et pour la situation économique et morale actuelle dont les défauts et manques sont réparables avec telles difficultés. De plus, on trouve même les opinions que les gens âgés ne méritent pas les pensions des retraités. D´après notre expérience la jeunesse reste toujours un peu révolutionnaire en observant la situation actuelle et le développement historique d´une manière très simplifiée n´admettant que les couleurs blancs et noirs, sans s´imaginer les conséquences des décisions.
Dans les pays "post-communistes" les jeunes gens - qui ne connaissent plus le développement historique dans tout son contexte - ont encore un problème spécifique qui est différent de la société dans les pays ou il n´y avait pas du développement "révolutionnaire". Les générations plus âgées dans ces pays étaient victimes du régime communiste ; qui se révoltait était puni, (surtout dans les années 1950) la répression était très dure ; en plus, tout cela s´est déroulé seulement quelques années après l´occupation nazi, laquelle était caractérisée par la même brutalité.
Bien sûr, on ne peut pas accepter le mal - ni au nom du libéralisme, de la liberté et des égalités des chances etc. Les chrétiens sont obligés d´identifier le mal et de lutter contre lui (lequel d´ailleurs peut résulter d´un libéralisme excessif - comme les avortements, les scènes de violence dans les média, la consommation de la drogue, ou les bouleversement de la conception de la famille etc.).
D’un autre côté la question se pose : comment va-t-on considérer la jeune génération d´aujourd´hui - qui est au pouvoir économique et politique - pour l´endettement extraordinaire du pays et pour les mauvaises décisions économiques? (Il est intéressant de constater qu´à la fin du régime communiste les dettes de la Tchécoslovaquie étaient négligeables, on était plutôt dans la position du créditeur des pays du Tiers monde.)
Aujourd´hui les jeunes s´endettent facilement, ce qui résulte de l’énorme consumérisme actuel : carpe diem devient le slogan bien aimée et pratiqué. On peut d’ailleurs caractériser la situation par la phrase suivante : « Achetez ce dont vous n´avez pas besoin et pour cela vous n´avez pas des finances. Cette philosophie de vie peut produire les problèmes futurs entre les générations.
Conclusion
Les institutions d´éducation soit catholiques - soit chrétiennes ou bien religieuses de n´importe quelle dénomination - (Compendium - 532) doivent réaliser le service très apprécié de formation, en s´appuyant sur une inculturation du message chrétien. Ils doivent aider à cultiver les principes moraux de co-opération sociale dans n´importe quelles régions et sphères de culture et de profession.
Il faut connaître la doctrine sociale chrétienne, il faut appliquer les principes qu´elle recommande et qui sont basés sur les expériences et sur la sagesse des siècles et millénaires. C´est le chemin pour la réconciliation et pour la création d’une société civile stabilisée.
Lidmila Němcová
Prague, République Tchèque
L´Union européenne s´accroît. Les nouveaux pays membres sont surtout les anciens membres du bloc des pays socialistes lequel s´est constitué en Europe après la Seconde Guerre mondiale. Ce bloc est souvent perçu comme un ensemble homogène. Mais on oublie qu’il est composé de pays très divers. Leur seule caractéristique commune réside dans le fait qu’ils ont appliqué le même modèle socialiste - un modèle qui par ailleurs a échoué. Ce modèle était basé sur l´idéologie du marxisme-léninisme, sur le rôle des dirigeants du parti communiste et de la classe ouvrière et sur le système économique de la planification centralisée.
L’histoire de ces pays, leurs caractéristiques, leurs situations économiques et politiques, leurs niveaux achevés de démocratie avant la 2-eme Guerre mondiale étaient et demeurent toujours très différents. Leur admission dans la Communauté Européenne est simplement due au fait qu’ils répondaient aux critères économiques fixés par l´Union. Les différences sont liées à la géographie, aux populations, au niveau économique, au coût horaire de la main d´œuvre, etc. Il faut ajouter que tous ces pays ouvrent leurs marchés aux produits européens d‘exportation, au capital financier, à la force du travail, aux idées nouvelles, à la technologie, au savoir-faire (know how), etc.
Les valeurs humanistes européennes sont des repères importants. Malheureusement le libéralisme "sauvage" a pénétré la société des pays ex-socialistes à la suite des changements dans les années 90´. On accentue l´individualisme et la recherche du profit personnel au détriment de la solidarité avec les proches. Les expressions telles que solidarité, syndicats, coopératives sont déconsidérées parce que perçues comme rappelant l´époque du socialisme.
Dans tous les Etats du bloc post-socialiste il a été établie une base commune pour une société moderne de marché ainsi que pour l´introduction de la démocratie et de la société civile. La société civile est appelée à réfléchir collectivement à ce qui doit être entrepris "pour les gens et avec les gens". Cela est impossible si le dialogue est inexistant, en particulier le dialogue social. Il faudrait engager des discussions publiques sur ce sujet et aborder le contenu des valeurs, en donnant à chacun la capacité de penser et de réfléchir sur des objectifs tels que la démocratie, la liberté, la solidarité, la subsidiarité, la responsabilité. Tout doit être fondé sur les valeurs de liberté, mais il est nécessaire de déterminer pour qui et au nom de qui cette liberté s‘exerce. La liberté n´est pas quelque chose d‘illimité, elle doit être régulée dans un cadre qui respecte le libre arbitre de chacun.
Si je vais parler de la situation actuelle dans les pays post-communistes, je dois déclarer en avant qu´il s´agit d´un témoignage personnel basé surtout dans mon expérience de la vie en Tchécoslovaquie. J´espère que les participants des autres pays post-communistes ajouteront leurs remarques et leurs expériences personnelles.
La réconciliation - est-elle possible?
D´après la doctrine sociale de l´église le pardon et la réconciliation sont la seule base d´une vraie paix (Compendium, 517). Tous les fardeaux du passé demandent une réflexion des deux parties ce qui est un processus très difficile et de longue durée. De même - pour les gens de bonne volonté - il ne s´agit pas d´un processus lequel on ne pourrait pas achever.
Le pardon ne signifie pas une négation de la justice (Compendium, 518). En principe la réconciliation demande de renouveler la confiance entre les deux parties qui étaient en désaccord.
La réconciliation est un terme assez ample. Les régimes précédents ont créé beaucoup d´injustice. On pourrait en parler pendant longtemps. Je vais limiter ma contribution sur les problèmes de la réconciliation entre les:
1) ethniques et nations,
2) classes,
3) générations.
1 - Réconciliation entre les ethnies et les nations
Pour bien comprendre aujourd´hui les réactions des gens - très souvent nationalistes - il faut connaître l´histoire.
Bien des pays post-communistes ont eu une histoire assez mouvementée dans le passé, souvent causée par leurs position géopolitique ayant des intérêts contradictoires avec les grandes puissances. Les pays baltiques souffraient sous la Russie, l´Allemagne, la Suède; les pays de l´Europe Centrale existaient sous l´Allemagne ou sous l´Empire Austro-Hongrois; les changements de frontières - si typiques p. ex. pour la Pologne – continuèrent de temps en temps et jusqu´à l´époque presque présente. Les transferts ethniques de la population (surtout celle qui appartenait aux minorités) n´étaient pas rares. C´était le résultat des guerres, des révolutions avec les atrocités, brutalités, duretés, haines etc. - mais aussi avec les pertes des vies humaines des parties d´ennemi. Il est donc difficile de re-établir la confiance, mais il est plus difficile encore d´établir la réconciliation.
Si l´on veut parler plutôt de la période récente on peut présenter p.ex. les problèmes des Roms (tsiganes) dans les Républiques Tchèque et Slovaque ou bien les problèmes avec la minorité russe en Estonie et dans les autres pays baltiques, la question du Sudetenland et les problèmes de la migration actuelle.
2- Réconciliation entre les classes
Après la 2-eme guerre mondiale l´établissement du bloc socialiste a apporté un nouveau aspect politique et social : la lutte des classes au nom de grandes idées. Dans le processus de la construction du socialisme la nouvelle hiérarchie politique a commencé a exclure de la vie politique, économique et sociale les représentants de la bourgeoisie - les entrepreneurs, les riches, les koulaks, les ennemies de peuple. L´histoire bien connue de la Russie et de l´Union Soviétique des années 1920- 1930 s´est répétée - souvent avec la même brutalité - dans les années 1950. Les membres de la classe bourgeoise étaient considérés en pratique comme les citoyens avec les droits limités; souvent ils n´avaient pas les droits des citoyens en ce qui concerne leurs accès a l´éducation supérieure, ils devaient être soumis a une "re-éducation" (en travaillant dans les chantiers socialistes, dans les mines ....).
En supprimant "les ennemies de la classe ouvrière" (comme les ennemis du peuple) on a supprimé les propriétaires par la nationalisation de leurs entreprises. On a forcé les paysans de devenir - dans les années 50 - membres des co-opératives agricoles, les artisans devaient former les co-opératives de production et les petits marchands les coops de consommation. Après les changements du système politique, économique et social en 1989 on commençait a faire des restitutions (il s´agissait de réparer les injustices en rendant les propriétés confisquées soit d´une façon matérielle ou financière). Ce problème très difficile apportait bien des problèmes a la réconciliation "intérieure" dans la société.
L´ancien régime supprimait aussi la sphère spirituelle et culturelle de la vie en monopolisant la théorie marxiste. On supprimait surtout la vie religieuse - on fermait les écoles des églises, on supprimait la vie des ordres, l´état contrôlait l´Eglise etc. Le processus d´athéisation a produit les résultats dans la vie actuelle - la restitution de la propriété de l´Église n´est pas résolue jusqu´à nos jours et la plupart de la population tchèque actuelle est considérée comme non-croyants.
Dans tous les pays post-communistes si l´on parle de la réconciliation et du pardon, on se pose la question, comment peut-on régler son compte avec le passé. Les opinions sont différentes. P. ex. faut-il condamner ou même mettre en prison les juges et les surveillants des prisons communistes qui condamnaient et torturaient les prisonniers innocents dans une période éloignée déjà un demi-siècle? Quoi faire avec les dirigeants communistes de l´ancien régime qui sont vivant encore ?
Les ex-membres communistes sont-ils coupables de leurs responsabilités collectives avec l´ancien régime avec tous ces défauts? Il y en a beaucoup qui ont changé d’avis et leurs positions politiques et économiques en devenant entrepreneurs, membres des autres partis politiques (plutôt libérales de droit) et lesquels ont même pris la position de l´élite politique et économique actuelle de la nation.
Un autre problème qui se pose : collaboration (quelques fois problématique) avec les organes de la Sécurité d´État (police politique communiste). Il y a les publications (officielles et non officielles aussi) des archives et des listes de collaborateurs; en fait, il s´agissait aussi des acteurs, savants, prêtres, personnalités bien connues. Quand ces gens demandent un verdict judiciaire, très souvent leur collaboration est annulée; malheureusement il s´agit souvent seulement d´un effort superficiel. De l´autre coté les noms des vrais acteurs et collaborateurs de la police secrète y manquent. Cette situation complique la purification du climat éthique de la société, comme elle pourrait amener aux réflexions de culpabilité de chacun.
Est-il possible de co-opérer avec le parti communiste présent pour créer les coalitions avec les partis démocratiques? On trouve les mots d´ordre: On ne parle pas avec les communistes - quelque fois diffusés par les gens qui profitaient de leurs appartenance au parti communiste dans le passé.
3/ Réconciliation entre les générations
Un grand problème actuel pour nous est celui de la co-opération et de la compréhension entre les générations. Ce phénomène - connu aussi dans les pays développés - est lié à la décomposition de la famille et à la crise des valeurs. En ce qui concerne la réconciliation, dans les pays de l´Est on peut constater les différences dans l´approche des générations : il y a les gens avec un témoignage personnel du passé (surtout des événements de la guerre et de la période des années 50 avec le régime assez dur); il y a les gens de l´âge moyen ( 50-60 ans) avec un témoignage par médiateurs souvent influencés par l´histoire interprétée d´une façon marxiste, selon les critères de la lutte des classes. Il y a la jeune génération qui ne connaît que la situation après les changements de 1989. En général les jeunes gens accusent les générations plus âgées d´avoir toléré l´ancien régime ou même d´avoir collaboré avec lui. C´est donc la responsabilité des "vieux" pour toutes les fautes et pour la situation économique et morale actuelle dont les défauts et manques sont réparables avec telles difficultés. De plus, on trouve même les opinions que les gens âgés ne méritent pas les pensions des retraités. D´après notre expérience la jeunesse reste toujours un peu révolutionnaire en observant la situation actuelle et le développement historique d´une manière très simplifiée n´admettant que les couleurs blancs et noirs, sans s´imaginer les conséquences des décisions.
Dans les pays "post-communistes" les jeunes gens - qui ne connaissent plus le développement historique dans tout son contexte - ont encore un problème spécifique qui est différent de la société dans les pays ou il n´y avait pas du développement "révolutionnaire". Les générations plus âgées dans ces pays étaient victimes du régime communiste ; qui se révoltait était puni, (surtout dans les années 1950) la répression était très dure ; en plus, tout cela s´est déroulé seulement quelques années après l´occupation nazi, laquelle était caractérisée par la même brutalité.
Bien sûr, on ne peut pas accepter le mal - ni au nom du libéralisme, de la liberté et des égalités des chances etc. Les chrétiens sont obligés d´identifier le mal et de lutter contre lui (lequel d´ailleurs peut résulter d´un libéralisme excessif - comme les avortements, les scènes de violence dans les média, la consommation de la drogue, ou les bouleversement de la conception de la famille etc.).
D’un autre côté la question se pose : comment va-t-on considérer la jeune génération d´aujourd´hui - qui est au pouvoir économique et politique - pour l´endettement extraordinaire du pays et pour les mauvaises décisions économiques? (Il est intéressant de constater qu´à la fin du régime communiste les dettes de la Tchécoslovaquie étaient négligeables, on était plutôt dans la position du créditeur des pays du Tiers monde.)
Aujourd´hui les jeunes s´endettent facilement, ce qui résulte de l’énorme consumérisme actuel : carpe diem devient le slogan bien aimée et pratiqué. On peut d’ailleurs caractériser la situation par la phrase suivante : « Achetez ce dont vous n´avez pas besoin et pour cela vous n´avez pas des finances. Cette philosophie de vie peut produire les problèmes futurs entre les générations.
Conclusion
Les institutions d´éducation soit catholiques - soit chrétiennes ou bien religieuses de n´importe quelle dénomination - (Compendium - 532) doivent réaliser le service très apprécié de formation, en s´appuyant sur une inculturation du message chrétien. Ils doivent aider à cultiver les principes moraux de co-opération sociale dans n´importe quelles régions et sphères de culture et de profession.
Il faut connaître la doctrine sociale chrétienne, il faut appliquer les principes qu´elle recommande et qui sont basés sur les expériences et sur la sagesse des siècles et millénaires. C´est le chemin pour la réconciliation et pour la création d’une société civile stabilisée.
Lidmila Němcová
Prague, République Tchèque